samedi 16 juillet 2011

Apprendre à philosopher ou apprendre la philosophie ? Débat utile ou débat superflu ?

Dans mon dernier post, je l’ai spécifié en ces termes : 
« Ce débat est philosophique avant d’être scolaire. Mais, 
il est aussi scolaire pour être philosophique, pour 
des candidats au bac-philo ! »


Cela veut dire simplement que, même si l’on peut 
prétendre qu’il s’agit d’un débat vain, sans doute parce 
que philosophiquement interminable, il est utile pour 
des candidats au bac-philo, d’avoir une idée de 
cette question.


Chers amis candidats au BAC, ce débat est utile à 
la fois, pour votre culture personnelle après le BAC, 
mais aussi et surtout, pour avoir une opinion 
(même personnelle) :

  • du type de discipline qu’est la philosophie, 
  • de ce que votre professeur de philosophie attend de vous, tout au long de l’année scolaire. 


Cette opinion serait alors, un bon ferment 
conscientiel vous permettant de mieux cerner 
la logique des enseignements de philosophie et 
donc, d’être plus à l’aise dans les exercices divers 
(devoirs, exposés, recherches) en classe et par 
conséquent, de composer avec plus d’assurance 
au bac.


Philosopher ou apprendre à philosopher en tant que 
support de réflexion, devient ainsi une bonne 
motivation pour vous, élèves, en vue d’exercer 
et développer votre maturité pour penser.


Si donc nous nous en tenons au contexte de 
l’année scolaire, la philosophie prend 
automatiquement le statut d’une matière 
scolaire, une discipline avec,bien entendu, 
un programme et une progression 
annuels d’enseignement.


Conséquence : comme toute matière, la philosophie 
est, pour vous élèves/candidats, objet apprentissage.


Mais, doit-on dire que, la philosophie est
« comme toute matière » ?


Ce dont l’on peut être certain c’est que, la 
philosophie n’aurait jamais été inscrite dans
un programme d’enseignement, si l’on n’avait 
vu en elle, une matière d’enseignement comme 
les autres et donc une matière d’apprentissage !


Dans ce sens, l’apprentissage du philosopher va 
impliquer nécessairement, l’apprentissage de la 
philosophie. 


Mais, de quelle philosophie et de quelle façon ?
Peut-on dire à la fois que, la philosophie se 
constitue comme débat inachevé et parler de LA 
philosophie (singulière, connue) ?


En fait, en référence à l’Antiquité, et donc, à un
aspect, sinon à la partie sans doute la plus 
significative de ce que l’on est convenu d’appeler 
l’histoire de la philosophie, on est forcé d’admettre 
que, la discipline appelée   "philosophie" a bien
un contenu !


De nombreuses personnes ont produit des thèses, 
des arguments, des démonstrations, bref, 
des raisonnements sur les sujets les plus divers, 
touchant la condition humaine. 

Ayant procédé selon des critères et principes 
depuis longtemps reconnus (voir post précédent), 
ces personnes sont qualifiées de philosophes. 


La philosophie existe donc bel et bien. Elle est 
reconnaissable et reconnue, avec ses auteurs, 
ses "dignitaires", ses animateurs les plus divers,
participant  chacun à son niveau et à son époque, 
à un débat certes inachevé et inachevable, mais, 
effectif, avec ses pratiques, ses principes et ses 
acteurs.


Hegel a donc raison de préférer l’ « apprentissage 
de la philosophie » vis-à-vis du seul apprentissage 
du philosopher car, les contenus en philosophie
existent !


En outre, et comme le précise bien Hegel dans son 
ouvrage, La raison dans l’histoire : «La pensée ne 
peut s’exercer que sur une matière qui n’est pas un 
produit de l’imagination mais une pensée. 
On apprend à penser en recevant des pensées 
dans sa tête. »


Les contenus de philosophie sont donc indispensables, 
voire incontournables pour quiconque veut s’adonner 
à la philosophie.


En clair, la philosophie peut être apprise et, elle 
est effectivement apprise en tant qu’art de raisonner 
et volonté de sagesse.

On ne peut donc apprendre à philosopher sans 
apprendre la philosophie.


Kant lui-même, qui prône le seul apprentissage 
du philosopher, ne signifie en réalité nullement 
que, l’on puisse faire de la philosophie en se
passant absolument des philosophes qui
précèdent, c’est-à-dire,  sans les avoir
jamais lus.


Il réagit surtout contre les excès d’un enseignement 
souvent trop dogmatique et purement formel. 


Et, il est bon de ne pas sortir la pensée kantienne de 
son contexte, au risque de s’installer dans un préjugé 
pédagogique qui aboutit à une situation démagogique !


Sinon, il est clair que, Kant a bel et bien étudié les 
auteurs qui l’ont précédés, leurs systèmes et, ses 
différents arguments ne sont en réalité que, sa 
façon de restituer ces systèmes philosophiques, 

  • soit par des analyses complémentaires, 
  • soit par des critiques de rejet, 
  • soit par des thèses innovantes.


Ainsi,  apprendre à philosopher et apprendre la 
philosophie sont absolument et nécessairement 
complémentaires. 


Apprendre la philosophie ne rend point la raison 
passive et ne saurait être secondaire. 


Le recours aux contenus de la tradition philosophique 
est pertinent. 

Il est le support nécessaire, pour permettre aux 
 apprenants de mieux saisir la logique de la 
réflexion philosophique.


L’apprenti-philosophe que vous êtes, a donc 
besoin d’apprendre la philosophie, c’est-à-dire, 
d’étudier et de cerner les pensées des philosophes, 
à travers les cours magistraux de votre professeur, 
pour vous en inspirer et connaître une véritable 
vie philosophique 

et donc, apprendre à philosopher, c’est-à-dire, 
exercer votre raison, penser par vous-même, 
par le moyen d’exercices scolaires 

(dissertation, commentaires, exposés, autres 
recherches individuelles ou en groupe) et de 
pratiques diverses (débats, recherches 
personnelles)

auxquels vous devez absolument vous habituer 
au cours de l’année scolaire.


Cela constituera sûrement pour vous, 
un atout supplémentaire pour réussir votre
bac-philo.


Avez-vous décidé d’apprendre vos cours de 
philosophie pour apprendre à philosopher ?


Réagissez. 

Donnez votre réponse à cette question. 

Proposez vos commentaires aux analyses
du présent post. 

Partagez cet article avec vos amis. 

Échangez avec eux là-dessus.


Bon courage.
Bonne chance.

Gardons la ligne de la rigueur philosophique !

mercredi 22 juin 2011

Apprendre A Philosopher

Doit-on apprendre à philosopher ?


Mon objectif en ouvrant ce blog, n’est point 
de débattre sur cette question particulière.

L’expression « apprendre à philosopher » qui 
sert de titre à ce blog, est une pensée restée célèbre, d’Emmanuel Kant.

Apprendre à philosopher ou apprendre la philosophie ? Pourquoi ? Comment ?

Des questions, surtout des questions, pour rester conforme à la logique interrogative, logique de questionnement, héritée de Socrate et propre à la philosophie.


C’est dans ce sens que veut s’orienter le présent blog,  espace d’échanges d’abord pour les élèves, candidats au baccalauréat. 

Ensuite pour tous ceux que la philosophie intéresse par profession, ou qui s’y intéressent par curiosité, pour leur culture personnelle.


Nombreux sujets touchant la philosophie y seront abordés et,  un accent visible sera mis sur la philosophie au baccalauréat, selon les programmes officiels d’enseignement de la philosophie, dans les classes de terminale.


Jeunes amis candidats au bac-philo, ce blog est le vôtre. 

Fréquentez-le. 
Animez-le, pour épouser la dynamique de la pensée kantienne c’est-à-dire, vous exercer à philosopher.


Dans son ouvrage, la Critique de la raison pure (la "théorie transcendantale de la méthode" - chapitre III) Kant conclut en ces termes : « on ne peut donc parmi toutes les sciences rationnelles (a priori), apprendre seulement que la mathématique, mais jamais la philosophie (si ce n'est historiquement) : en fait pour ce qui concerne la raison, on ne peut apprendre tout au plus qu'à philosopher ».


Pour cerner la logique de cette position kantienne et, sans se lancer à corps perdu dans un débat philosophico-"philosophiste", il importe de considérer le contexte de cette pensée.


Simplifions les choses. Pour Kant, « apprendre à philosopher » reste essentiellement, une démarche (sans fin et même, infinie).

Cette position de Kant nous semble venir en droite ligne, de la conception historique de la philosophie, telle que rattachée à Pythagore.


Selon Pythagore en effet, la philosophie est principalement, désir, recherche de vérité, d’amour, de sagesse, plutôt que possession de cette vérité, de cette sagesse.

Or, qui dit recherche, dit mouvement, action, effort pour trouver.

C’est bien pour cela que, le philosophe est présenté comme étant seulement et surtout, le pèlerin de la vérité. Il « est en route » vers la vérité, pour faire allusion à la formule de Karl Jaspers.


La sentence de Kant est donc bien, une invitation / une incitation à apprendre à raisonner, c’est-à-dire, à se servir de sa raison. 

Et, comme il l'écrit si justement dans l’ouvrage précédemment cité, s'orienter dans la pensée (c’est-à-dire, philosopher), c’est « se servir de sa propre raison (…) se demander soi-même en toute chose ce que l'on doit admettre. »


Apprendre à philosopher, dans ce sens, c’est donc s’exercer à rendre sa raison active, en apprenant à philosopher, dans la mesure où, il n’y a pas de philosophie toute faite que l’on puisse apprendre.


Que signifie rendre sa raison active ?

Sur le chemin de la vérité, dans la quête du sens et de la sagesse, le philosophe se situe au cœur du questionnement, pour rendre intelligible, le tragique de l’humaine condition.

Et, cela fait de lui, un point d’interrogation vivant, en même temps que, cela le confronte à des  exigences intellectuelles proprement philosophiques :

-       remise en cause (aller au-delà des certitudes individuelles et/ou fanatiques ; expliciter, objectiver les présupposés);

-       problématisation (chercher derrière la question, un problème : enjeu, paradoxe, incertitude, embarras ; difficulté à y répondre) ;

-       conceptualisation (procéder par définition (savoir ce dont on parle quand on le pense ou le dit) ;

-       argumentation (articuler des arguments, dans un réseau conceptuel logique, pour leur donner du sens, de la pertinence, de la rigueur).


Ce faisant, "l’apprenti-philosophe" met en route, ses capacités réflexives dans la pratique personnelle du raisonnement hypothético-déductif (le raisonnement de la rigueur par excellence !).


L’apprentissage du philosopher selon Kant, se veut donc, pratique par soi-même de la recherche philosophique, exercice individuel du raisonnement critique, 

en vue de favoriser, renforcer et soutenir, l’éveil et le développement d’une pensée critique permanente, 

à même de permettre à celui qui est sur ce chemin, d’interroger en toute conscience (présence, lucidité, discernement), les problèmes existentiels de la condition humaine.


Philosopher au sens kantien, se résume donc dans ces trois préceptes :

1.  ne point avoir recours à une pensée autre que la sienne propre ;

2.  n’admettre que ce sur quoi l’on a exercé sa propre réflexion ;

3.  n’accepter que ce dont l’on est sûr du fondement, après analyse personnelle.


En d’autres termes, apprendre à philosopher, ce n'est donc pas apprendre la philosophie.


Mais, peut-on véritablement apprendre à philosopher sans apprendre la philosophie ? N’y a-t-il vraiment pas de philosophie que l’on puisse apprendre ?


Ce débat est philosophique avant d’être scolaire. Mais, il est aussi scolaire pour être philosophique, pour des candidats au bac-philo !


Vous pouvez y participer, selon ce que vous en ressentez.

Visitez assidûment ce blog et, faites-le visiter.

Faites-le vivre par vos contributions.

Vous pouvez aussi me contacter à titre privé, au courriel suivant :

M. Bernard SEKA

En attendant de nous retrouver sur le site propre de la philosophie en terminale que je lance très bientôt.

D’ici là, du courage, du travail, de la persévérance, de la conviction, pour « Apprendre à philosopher ».


Gardons la ligne de la rigueur philosophique.